En officialisant aujourd’hui mercredi l’installation de la commission d’experts chargé de formuler des propositions pour une révision constitutionnelle qu’il a confiée au professeur Ahmed Laraba, le président Tebboune, n’est finalement pas sorti de l’ancien modèle opératoire en la matière.

C’était en effet au même expert -un éminent juriste par ailleurs- Ahmed Laraba, mais aussi le même rapporteur de la commission de rédaction de la constitution de 2016, Ali Aggoune, auxquels le président de la république vient de confier le très délicat projet de la nouvelle constitution devant donner naissance à la «Nouvelle république» conformément aux engagements d’Abdelmadjid Tebboune.

Ce sont donc les mêmes hommes qui sont désormais chargés de produire une Loi fondamentale qui soit largement en avance par rapport à celle de 2016 qui a fait du président de la république quasiment un empereur.

S’il est vrai que tous les observateurs et les acteurs politiques s’accordent sur l’importance voire l’urgence de réviser la constitution, qui ne répond plus aux aspirations du peuple algérien, il est tout aussi vrai qu’ils ne souhaitent pas que l’on réédite le scénario de 2016 d’une constitution sur mesure.

En l’occurrence, la rédaction d’une constitution est loin d’être une affaire d’experts du droit, fussent-ils des pointures connues et reconnus dans leur domaine.

Le texte fondamental est d’abord et avant tout un document qui consacre et formalise un compromis politique voire un contrat social entre les différents segments de la société.

On ne commande pas une constitution clés en mains en fonction de nos désirs et l’imposer au peuple qui n’en a vu que du feu.

Document politique par excellence, la constitution est censée être le fruit mûr d’une large consultation de toutes les forces vives de la Nation.

Son adoption doit être le couronnement d’un large débat, inclusif, sérieux, libre et sans interdits autour de toutes les questions qui agitent la société.

Le fond et la forme

L’adoption d’une mouture finale s’apparenterait alors à un compromis qui va baliser les règles du jeu, clarifier la nature du régime politique, souligner la séparation des pouvoirs et fixer les prérogatives du président de la république et du chef de l’exécutif des autres institutions du pays.

Ceci en théorie. Dans la pratique, les choses ne vont apparemment pas suivre ce cheminement naturel et démocratique.

La commission Laraba-Aggoune de 2020 semble investie de la même mission que celle de 2014 et 2016.

Politiquement, cette annonce est de nature a jeter le froid dans les milieux politiques et plus généralement au sein du Hirak.

En effet, tout indique que cette commission se bornera a recevoir des partenaires, recueillir leurs propositions et plancher sur un mouture finale comme au bon vieux temps sous Bouteflika.

Un peu à l’instar ders consultations engagées par Bensalah en 2013, puis Ouyahia en 2014 et enfin Karim Younes en 2019.

Il est pour le moins difficile d’imaginer les partis d’opposition et le Hirak populaire par exemple souscrire à une telle démarche qui reproduit une méthode qui a produit l’échec.

En attendant que le président donne plus d’explications à sa démarche, force est de noter que la nouvelle est loin de susciter le grand enthousiasme, quand certains réclament carrément une constituante ici et maintenant.

Algeria BlackList | Hakim Megati

Commentaires