Le procureur de la République près le tribunal de Dar El Beïda (Alger) a requis, hier, un an de prison ferme et une amende de 100 000 DA à l’encontre de Fodil Boumala, l’une des figures de proue du mouvement de contestation (hirak), selon le Comité national pour la libération des détenus.

Auparavant, Fodil Boumala a fait sensation lors de son plaidoyer, en présence des membres de sa famille et de plusieurs figures du hirak, dont Lakhdar Bouregaâ, Samir Benlarbi et Samira Messouci. «Personne et aucune partie quelle qu’elle soit ne pourront me priver de ma liberté. J’ai la conviction que la patrie c’est la liberté et si la justice ne me défend pas, qui le fera dans ce pays  a-t-il lancé au juge, sous les applaudissements de l’assistance.

Le juge, quant à lui, a demandé à l’assistance de ne plus applaudir. Défendu par une quarantaine d’avocats, Boumala poursuit son plaidoyer en affirmant  : «Le mot liberté est cité 53 fois dans la Constitution, donnez-moi une seule liberté respectée !» Avant de relever que «c’est le système qui m’a mis en prison, pas la Constitution». «Mon opposition radicale concerne le système politique qui arrive à son terme, non pas les personnes. Je n’ai rien ni contre Gaïd Salah ni contre Bouteflika, en tant que personnes. Mon problème est l’Etat militaire et policier», a-t-il développé.

En prison depuis septembre 2019, l’ancien journaliste de l’EPTV est poursuivi pour «atteinte à l’unité nationale» et «affichage de tracts portant atteinte à l’unité nationale». Là encore, il a rejeté en bloc les charges retenues contre lui. «Je suis triste pour mon pays. Certaines personnes ont inventé des accusations comme celles-ci. Je dénonce ces accusations. Le système de gouvernance n’est pas l’Algérie, et l’Algérie n’est pas le système. Je n’accepte pas la confusion entre le gouvernement, le régime et l’Algérie éternelle et sacrée», a encore estimé le militant des droits humains, alors que les vidéos pour lesquelles il est poursuivi n’ont pas été présentées par la justice.

Le verdict devrait tomber en fin de journée ou dans la soirée. «Boumala a prouvé au tribunal qu’il n’a commis aucun crime. Ses différentes publications et son long militantisme s’inscrivent dans la préservation de l’unité nationale et la défense des intérêts du pays», a estimé maître Mustapha Bouchachi, ajoutant que le «dossier d’accusation est vide».

Citant un des avocats de la défense, qui a eu accès au PV de la police judiciaire, l’universitaire Redouane Boudjemaa a souligné que Boumala est «accusé d’exploiter la naïveté du peuple algérien». Le même avocat «promet d’engager une action en justice pour ‘‘insultes et discrimination’’ contre le peuple algérien», selon lui.

Le fondateur en 2011 de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie a été arrêté mercredi 18 septembre au soir devant son domicile, dans la banlieue est de la capitale. Un tribunal d’Alger a ordonné ensuite le placement en détention provisoire de l’opposant, troisième figure de proue de la contestation à être placée en détention provisoire en une semaine, après l’opposant Karim Tabbou, écroué le 12 septembre, et Samir Benlarbi, fraîchement relaxé.

Plusieurs demandes de remise en liberté déposées par les avocats de Boumala ont été refusées. A l’instar de nombreux détenus politiques et d’opinion, son portrait est brandi constamment par les Algériens lors de manifestations hebdomadaires anti-régime.

Algeria BlackList | Hocine Lamriben – El Watan
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