En pleines difficultés sérieuses, trois nouvelles difficultés différentes sont venues compliquer la situation. D’abord le hirak, que des marcheurs de 2019 et pas avant, définissent comme sacré et en interdisent l’annulation temporaire, malgré le risque très élevé de contaminations exponentielles, attitude inconsciente et suicidaire, voire criminelle.

Ensuite les bus, vecteur de transport populaire aussi bien que vecteur de transmission d’épidémie, sacrés aussi, puisque transportant le bon peuple vers son lieu de travail, son centre de chômage ou tout simplement chez lui. Enfin, dernier obstacle, la prière du vendredi, définie évidemment sacrée, que seul «Dieu peut annuler», et le Président n’en est pas un, pas plus que le ministre du secteur ou le chef d’état-major.

Surtout, il est dit à ce propos dans les cafés algériens que «l’arrêt de la prière du vendredi conduit directement à la descente d’Israfil sur Terre».

Qui ? Israfil, autre nom du Raphaël biblique repris des mythes babyloniens, rapha-el, «guéri par Dieu» en araméen, de El, le premier dieu akkadien relancé plus tard par les monothéismes orientaux, Le Coran reprenant Israf-Il, de la racine israf, qui signifie la limite de la perte d’équilibre en arabe.

Mais qui est Israfil, ce porte-parole de la fin du monde, annoncé à ce moment précis de rupture des équilibres cosmiques et biologiques ?

C’est l’un des 7 archanges, malaïkas, assis aux côtés du Trône de Dieu, et celui qui viendra, selon la tradition judéo-chrétienne, souffler trois fois dans sa trompette, une fois pour détruire le monde, une deuxième pour réveiller les morts et une troisième pour annoncer le Jour du Jugement dernier.

Rien à voir donc avec Miles Davis, pentatonique plutôt que canonique, mort de mort inconnue, probablement d’un virus. En résumé, sans la prière du vendredi, Israfil va venir détruire la Terre.

Mais sans médicaments, mesures sanitaires et interdiction des espaces publics, le Covid-19, qui est déjà là, peut aussi détruire la même Terre.

Algeria BlackList | Chawki Ammari – El Watan
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