Il n’est pas exclu que le Syndicat national des magistrats, qui est monté au créneau hier, recoure à nouveau à une grève générale après celle qu’il avait déclenchée voici quelques mois avant de l’arrêter suite à un accord salarial avec la tutelle. Les citoyens avaient cru entrevoir dans le débrayage des magistrats un espoir de voir les robes noires s’affranchir, enfin, de la dépendance par trop criante à l’égard du pouvoir exécutif et de l’ancien homme fort de l’armée qui avait instrumentalisé les tribunaux à des fins éminemment politiques. Mais l’illusion fut courte et les choses avaient repris leur cours «normal» quelques jours plus tard sans que rien n’eût changé, les détenus politiques dont il était souhaité qu’ils fussent libérés ayant été maintenus en détention et d’autres manifestants les ayant même rejoints dans les geôles de Gaïd-Salah.
Mais il n’y a pas que les magistrats qui fustigent la décision de Zeghmati de muter un de leurs collègues dans le Sud pour avoir plaidé la relaxe de prévenus ayant manifesté pacifiquement. Les habitants du Grand Sud n’ont pas accepté que la mutation du magistrat dans une ville de cette région du pays soit considérée comme une «sanction». Les citoyens de cette région, qui se plaignaient déjà de ce que le Sud soit la dernière roue de la charrue dans tous les programmes de développement des gouvernements successifs depuis de longues années et qui se sont opposés avec véhémence au projet d’exploitation du gaz de schiste décidée à Alger, s’indignent à l’idée qu’ils soient perçus comme une pénitence et un châtiment, «comme si nous avions le choléra ou la peste», s’insurgent-ils.