Les Algériens ont défié en ce 55e vendredi (6 mars) du Hirak le pouvoir qui ne veut pas céder sur les revendications de changement de système et le coronavirus qui sévit partout dans le monde et dont des cas ont été enregistrés à Blida.

Les manifestants continuent à occuper les rues à chaque vendredi du hirak et à braver le pouvoir algérien qu’ils considèrent pire que le coronavirus. « Ce peuple est déterminé à poursuivre son combat. Ni corona (sic) ni les arrestations ne l’arrêteront », a déclaré à l’AFP Boudjema, 56 ans.

Des milliers de personnes ont défilé pacifiquement dans le centre de la capitale et se sont dispersées en fin d’après-midi, une mobilisation moindre que les vendredis précédents, selon un journaliste de l’AFP.

La police a procédé à des interpellations, d’après des témoins.

Parmi les manifestants, quelques-uns seulement arboraient des masques de protection contre le nouveau coronavirus. Les policiers, eux, en portaient tous.

Dix-sept cas de maladie Covid-19 ont été confirmés à ce jour par l’Institut Pasteur d’Algérie: un ressortissant italien et 16 Algériens d’une même famille de Blida, à quelques kilomètres d’Alger, ayant été en contact avec des proches résidant en France, selon le ministère de la Santé.

« Dieu nous protège, on n’a pas besoin de porter de masques comme les policiers », a scandé la foule. « Le corona, on peut l’attraper n’importe où, dans le métro, le bus ou même dans le magasin où je travaille, donc pas question de nous faire peur avec ces masques que portent les policiers », a réagi Sarah, 29 ans, vendeuse.

« Vous voulez nous faire peur avec le corona (sic) ? Ça ne marche pas ! Si on compte le nombre de jeunes clandestins noyés en mer, ou tous les Algériens morts pendant la décennie noire, à côté le corona ne nous fait pas du tout peur. Le combat continue ! », a renchéri Brahim, un chômeur de 31 ans.

Détenus du Hirak

A côté du slogan emblématique « Etat civil et non militaire », on pouvait lire sur une pancarte : « Plutôt le Corona que vous », à l’adresse des dirigeants, fustigés depuis plus d’un an par le mouvement de contestation populaire.

Multipliant les jeux de mots, les internautes n’étaient pas en reste : « Ceux qui rejoignent le Hirak seront préservés du coronavirus et de ceux qui nous appauvrissent. Nous vaincrons », a tweeté l’un d’eux.

D’importants défilés ont eu lieu dans d’autres wilayas, notamment à Oran et Mostaganem (nord-ouest), à Sétif et Constantine (nord-est) ainsi qu’à Tizi Ouzou et Boumerdès, à l’est d’Alger, où plusieurs personnes ont été arrêtées, selon des militants sur place.

Comme chaque semaine depuis le début du mouvement, de nombreux manifestants ont brandi des portraits de héros de la révolution algérienne ou de « détenus du Hirak » arrêtés.

Ainsi était à nouveau omniprésent dans le cortège algérois le portrait de l’opposant Karim Tabbou, figure de proue de la contestation, en détention, contre lequel le tribunal de Sidi M’hamed a requis cette semaine quatre ans de prison ferme.

Amnesty International a appelé vendredi dans un communiqué les autorités à libérer « immédiatement » les manifestants détenus du Hirak.

« Toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique doivent être libérées immédiatement et sans condition, et toutes les charges retenues contre elles doivent être abandonnées », a déclaré Philip Luther, un responsable régional d’Amnesty.

Algeria BlackList | DZVID
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